Souvenirs rugbystiques

Il y a le bruit des crampons sur le carrelage et l’odeur de l’huile camphrée.

Minutieusement j’enfile mon short, ma chaussette gauche ; toujours la chaussette gauche en premier ; puis l’autre, petits massages sur les épaules et le dos par le père Gaby, ensuite bien masser les jambes avec l’huile camphrée, quelques mouvements des épaules pour dégourdir puis sortie des vestiaires pour l’échauffement.

Il y a le bruit des crampons sur le carrelage et l’odeur de l’huile camphrée.

Les tribunes sont pleines à craquer, des clameurs et le chant des trompettes résonnent , la pression monte. Retour aux vestiaires j’enfile le maillot avec fierté et de manière solennelle. Jean l’entraÎneur nous donne ses dernières consignes, nous encourage et nous pond une citation de Georges Haldas« Tout match qui commence est un matin du monde ». .

Il y a le bruit des crampons sur le carrelage et l’odeur de l’huile camphrée.

La pression petit à petit monte, les visages se figent, une boule dans la gorge, mon ventre se noue, Dieu que j’ai peur, vivement la délivrance dans l’arène verte.
Dans ma tête il n’y a pas d’histoire on gagne ou on perd. 
C’est comme ça au tableau d’affichage et c’est comme ça dans la vie aussi. 
Ce n’est pas pour un château en Espagne, ni pour l’île aux trésors, ni pour les beaux yeux d’une belle, ni pour être célèbre c’est juste pour l’amour d’un maillot et du rugby.

Il y a le bruit des crampons sur le carrelage et l’odeur de l’huile camphrée.

Petits souvenirs de rugby gravés à jamais dans ma mémoire, certes il y en a eu d’autres.
Quelques fois je m’allonge dans l’herbe, je regarde le ciel et je me dis « un jour j’irai au paradis, il parait que le paradis est un pays de rugby et de là-haut je regarderai le match ; le match de la vie».

Miribab*